LES DÉODORANTS SONT-ILS DANGEREUX ?
Les déodorants font partie de notre hygiène quotidienne mais de plus en plus de critiques ont fait leur apparition depuis plusieurs années pour dénoncer leur dangerosité. Les déodorants présentent-ils vraiment des risques ?
Reportage : Géraldine Cornet Lavau, Dimitri Poupon et Jenny Cotillard.
Sans sueur, sans odeur, sans traces blanches… Les déodorants promettent de plus en plus une efficacité longue durée, mais certains de leurs composants sont souvent mis en cause dans les études scientifiques. Les principaux accusés : les sels d’aluminium, qui ont une action anti-transpirante, en resserrant les pores de la peau. “Ils sont accusés de présenter des risques neurotoxiques, d’insuffisance reinale, d’Alzheimer ou de cancer du sein mais ces sujets restent encore débattus”, affirme Fabrizio Pariselli, toxicologue à l’unité de prévention du risque chimique du Centre national de recherche scientifique(CNRS).
En 2011, un rapport de l’Agence nationale de la sécurité des médicaments (ANSM) – anciennement l’Afssaps – évalue le « risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques ». Si aucun lien entre cancer et exposition à l’aluminium par voie cutanée n’est établi, l’agence recommande de ne dépasser une concentration de 0,6 % d’aluminium dans les déodorants et de ne pas les utiliser sur une peau rasée ou épilée.
Les faits reprochés aux sels d’aluminium ? “Ils sont considérés comme des ‘sels simples’, qui sont moins stables. Il y a donc un risque que l’aluminium pénètre dans la peau, explique Aurèle Clémencin, directeur scientifique de l’institut Noteo, qui a évalué près de 1 000 déodorants. En revanche, les sels d’aluminium contenus dans la pierre d’alun sont complexes, et piègent l’aluminium de façon plus ou moins stable”.
LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS DANS LE VISEUR DES SCIENTIFIQUES
Le directeur scientifique tient à rassurer sur les éventuels risques liés à l’application de sels d’aluminium, même s’il reste très critique face aux autres composants des déodorants : “L’aluminium reste un ingrédient controversé sous forme synthétique car les preuves scientifiques sont faibles. En revanche, le niveau de preuves est plus important en ce qui concerne les perturbateurs endocriniens contenus dans les produits anti-transpirants”.
Parmi les plus notables, “le cyclosiloxane ou le cyclopentasiloxane, utilisés pour leur fonction émolliente, le BHT, un antioxydant, le triclosan, un antimicrobien, nécessaire contre le développement des odeurs du fait du développement des bactéries. Les parabens font aussi partie de ces composants à risque”, explique Aurèle Clémencin.
Si certains industriels ont ainsi développé la mention “sans sels d’aluminium” ou “sans parabens” sur leurs produits ou ont fait quelques efforts quant à la composition de leurs déodorants, “il est difficile de tirer une généralité au sein d’une même marque », selon Aurèle Clémencin. « Certains produits vont être composés d’ingrédients problématiques et d’autres auront des formulations moins préoccupantes”, indique-t-il.
Les produits écolabellisés peuvent aussi faciliter le choix du déodorant car “le cahier des charges est plus stricte que celui des industriels”, remarque Aurèle Clémencin : il appartient au consommateur de lire les étiquettes et de “comparer les produits au cas par cas”.
Magali Judith
Source : http://www.france5.fr/emissions/la-quotidienne/a-la-une/les-deodorants-sont-ils-dangereux_303677